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MAISONS – Février 2024

Permaculture dans le vignoble : quel bilan après presque trois ans au Château Capet-Guillier ? 

Plantée en 2021, la parcelle de permaculture au Château Capet-Guillier à Saint-Émilion est bien plus qu’une simple expérimentation. C’est une quête de compréhension, un effort collectif pour intégrer les principes de la permaculture dans l’art millénaire de la viticulture et en tirer des leçons pour l’ensemble de nos vignobles. Alors que nous approchons le troisième anniversaire de ce projet, il est temps de faire le point sur les leçons apprises, les défis surmontés et les découvertes faites dans les rangs de cette parcelle pilote.

Le developpement de la faune

Le suivi minutieux de ce projet était essentiel pour en tirer des leçons fiables, nous avons donc confié une partie de l’étude sur le développement de la biodiversité à des organismes externes, assurant ainsi des résultats objectifs et rigoureux.

Les insectes

Des captures d’insectes ont été effectués sur trois zones distinctes de la parcelle, ils ont révélé une richesse incroyable, avec pas moins de 2876 individus répartis dans 250 taxons identifiés. Des abeilles aux araignées en passant par les fourmis, toutes les familles d’espèces sont représentées, témoignant d’un équilibre écologique précieux. Plus impressionnant encore, l’absence totale d’insectes ravageurs a confirmé l’efficacité de notre modèle de permaculture. Avec une note globale de 79/100 attribuée par l’entomologiste, les résultats surpassent très largement ceux observés dans d’autres vignobles de la région (20/100).

Les vers de terre

Les vers de terre, indicateurs de la santé du sol, prospèrent également sur la parcelle avec ,  233 individus au m2 en 2021, et 266 au m2 en 2023. Ce nombre, bien plus important que la moyenne des sols viticoles français de 170 vers de terre /m2 , témoigne de l’impact positif des pratiques sur l’écosystème souterrain.

Les chauve-souris

L’étude des chauves-souris, réalisée grâce au soutien du syndicat de l’appellation Saint-Émilion, a révélé une diversité étonnante, avec la présence de sept espèces différentes. Les enregistrements nocturnes ont révélé 160 contacts pour seulement 81 minutes d’enregistrement et confirment l’importance de la parcelle de permaculture comme refuge pour ces précieux prédateurs nocturnes.

Une expérience riche d’enseignements

Cependant, chaque succès a été accompagné de son lot de défis.

Bien que les principes de la permaculture prônent une intervention minimale de l’homme, l’équipe réalise aujourd’hui qu’un travail du sol plus en profondeur aurait été bénéfique. Les racines des vignes ont rencontré des difficultés à s’implanter au-delà des 40 cm travaillés lors de la réhabilitation de la parcelle.

Il est néanmoins encore compliqué d’évaluer l’impact de cette décision initiale sur le développement de nos vignes puisque certains plans ne sont pas encore greffés.

Finalement, le chemin vers l’autosuffisance complète est long et périlleux, mais c’est un chemin que nos équipes sont enthousiastes de prendre depuis bientôt 3 ans.

La permaculture est une approche qui contraint les équipes techniques à remettre en question leurs habitudes et certitudes, mais qui est gratifiante lorsque l’on voit au fil des semaines et des mois, le système se mettre en œuvre et la nature reprendre ses droits.

 

Le service développement durable d’Advini, main dans la main avec l’équipe du Château Capet-Guillier, partage au fur et à mesure les enseignements tirés de cette expérience. Plusieurs de nos vignobles commencent déjà à appliquer certaines des pratiques testées, en les adaptant à leurs contraintes et à leurs pratiques. En 2023, c’est ainsi 5 de nos vignobles qui ont déjà ou sont en train d’implanter des parcelles de Viti-foresterie, en alliant ainsi vignes et espèces arbustives au sein même de la parcelle.

 

Le chemin ne s’arrête évidemment pas là, la parcelle va poursuivre son développement et nous continuerons d’étudier l’impact de la permaculture sur la biodiversité dans les années à venir. Advini se réjouit, en tant que leader de la filière, de jouer son rôle d’éclaireur, de pouvoir mener ce projet et le partager au monde du vin.